Les Battlemaps !

L’arrivée massive de nouveaux joueurs de jeux de rôle, encouragée par les actual plays, les boites d’initiation et la mainstreamisation de D&D 5e, amène parfois des questions qui surprennent les vieux routards du jdr. L’une d’elles m’a interpellé récemment : ” comment figurer les combats sur une table de jeu sans se ruiner ? “, et les réponses parlaient de décors pas chers, de figurines 3d, etc.
Gloups.

J’étais surpris de voir que non seulement cette question entrainait des réponses orientées Combats tactiques à base de cases, mais qu’en plus, personne n’évoquait la bonne feuille de papier qui a servi des générations de rôliste avant la popularisation des battlemaps numériques et des figurines imprimées 3D.

Camarades rôlistes, reprenons.

Non, le combat en jeu de rôle n’est pas forcément un simulacre de jeu vidéo tactique ou de wargame, où l’on compte le nombre de cases ou de centimètres pour savoir si le tir d’arc touche l’ennemi. C’est une possibilité, mais c’est loin d’être la seule ! C’est même moins l’intérêt majoritaire désormais, contrairement à la précédente décennie qui a vu naître Dungeons & Dragons 4e et Pathfinder 1e, qui ne juraient que par le combat tactique et la simulation visuelle (et millémétrée de la bataille). Aujourd’hui, même la grosse licence de D&D 5e ne s’appuie plus qu’optionnellement sur les combats en case (et ne parlons pas des deux grosses licences suivantes, l’Appel de Cthulhu et Vampire la Masquarade, qui n’ont jamais utilisé ces combats tactiques, tout en développant des options de combat intéressantes – surtout pour la dernière licence, vu que les combats à l’Appel de Cthulhu sont rares, rapides et mortels).

Pour autant, le combat aime à être figuré. Le combat est une simulation qui entraine souvent des conséquences irréversibles pour les PJ ou leurs ennemis (la mort, c’est plutôt irréversible comme conséquence), et les erreurs d’appréciation peuvent causer de graves mésententes. Pour cette raison, souvent, le chapitre détaillant le combat sera particulièrement épais dans un livre de base d’un jeu de rôle. Il ne faudra pas qu’à cause d’une imprécision dans la formulation d’une attaque, joueurs et meneur s’imaginent des choses différentes, et qu’on perde un perso au détour d’un combat sur cette attaque trop peu détaillée. Pour la même raison, placer les protagonistes sur une carte évite des approximations gênantes dans la fiction.

La joueuse : ” Je tire sur le gros slovaque avec mon pistolet “
Le meneur : ” Tu le vois mal, il est en grande partie caché par un amas de caisses “
La joueuse : ” Hein ? Mais je croyais qu’il était vers la porte du complexe ? “
Le meneur : ” Oui, la porte du complexe, celle qui est tout à droite, vers le chantier naval “
La joueuse : ” Le chantier naval ? Mais il n’est pas à 300 m de là ?? “

Bref. Ce genre d’incompréhension est vite balayé dès qu’on commence à dessiner un plan. Et nous y voilà. Comment qu’on fait pour avoir des plans efficaces (c’est leur utilité première), jolis et pas chers ?

Le plan improvisé

Cette méthode marche pour tous les types de plan (large, serré, et même les plans anticipés), et n’est pas compliquée à mettre en œuvre.

La première option, c’est de prendre une feuille de brouillon pour y dessiner au crayon papier le décor, les obstacles et les protagonistes. Simple, efficace, moche et pas cher (surtout si comme moi, vous conservez toutes les feuilles imprimées dont le verso est vierge, ça offre une ressource en feuille de brouillon inépuisable).

Ainsi, vos plans A4 à main levée permettent de bien visualiser la scène. N’oubliez pas d’y rajouter une courte légende et une échelle.

La version plus évoluée de ce principe, c’est la feuille effaçable. Pour cela, prenez une feuille blanche et faites-la plastifier. Avec quelques feutres effaçables de différentes couleurs et une brosse pour effacer, vous avez déjà de quoi vous amuser.

L’étape ultime, c’est de prendre une feuille blanche d’un côté et quadrillée de l’autre, que l’on plastifie. Même principe que la précédente, mais le côté quadrillé permet d’utiliser des figurines à l’échelle et le système de combat tactique évoqué en introduction.

Vous trouverez à cette adresse de quoi faire des plans quadrillés personnalisables : https://incompetech.com/graphpaper/plain/ (permet de créer toute sorte de plan sur feuille blanche, des simples carreaux de battlemaps classiques aux cartes aux cases hexagonales pour les plans de régions).

N’oubliez pas que ces options existent en différents formats : A4 (le plus fréquent) ou A3 (pour les grandes scènes).

Le plan anticipé

La plupart du temps (sauf si vous improvisez ou que vous jouez à des jeux Propulsés par l’Apocalypse), vous aurez en tête les scènes de votre scénario. Vous pouvez donc anticiper les affrontements et préparer le plan en conséquence. Pour cela, deux options :

– le plan est fourni par le scénario
– il ne l’est pas (oui, c’est con, mais ça arrive souvent).

Dans le premier cas, c’est très simple. Vous pouvez soit le reproduire à la main sur une feuille blanche avec la méthode précédente (mais ça sera un peu moins moche, vu que vous aurez du temps pour figurer quelques détails), soit l’imprimer. Bêtement, l’outil de capture de votre lecteur pdf ou une photographie du plan permet de récupérer l’image. Il faut parfois la nettoyer pour virer les inscriptions réservées aux MJ (je passe par Photoshop pour ça, mais Paint peut suffire), avant de l’imprimer.

Au passage, j’en profite pour remercier les éditeurs qui proposent des plans séparés et/ou en deux version, MJ et PJ. Cela fait gagner un temps fou (et je ne parle même pas de ceux qui publient des ressources en ligne pour leurs jeux, avec les versions prêtes à imprimer !).

Là encore, impression en A4 ou A3 selon le besoin et l’échelle du plan.

Pointesable, imprimée, plastifiée, prête à être détruite

Les cartes de région (ci dessous et ci-dessus) sur lesquelles on peut écrire, tracer des plans d’attaque, etc, sont vraiment pratiques pour les villes qui se transforment en champs de bataille.

Kenson Gakka, par Olivier Sanfilippo (maître cartographe), au coeur des tensions sur les terres du Clan du Lion

Évidemment, ces possibilités fonctionnent aussi pour la carte d’une région dans laquelle les personnages vont se déplacer, ou le plan d’une ville où vivent les PJ.

Certains ont même fait l’acquisition de plan imprimés sur bâche (un exemple) mais je ne sais pas trop la jouabilité d’une telle carte sur la table du salon.

Les personnages

Oui, parce que c’est bien beau, cette croix pour symboliser le roublard de votre PJ, mais l’effacer à chaque déplacement, c’est moyennement drôle au cours de la scène. C’est là qu’arrive le jeton.

Le jeton, c’est la première étape de la figuration du personnage. Un simple morceau de papier avec le nom du PJ, une capsule de bière, un lego (déjà testé, et ça marche bien !), le jeton d’un jeu de société, tout peut servir, et c’est pas cher (quoique, pour le lego…) !

L’autre option que j’affectionne particulièrement (parce qu’elle n’est pas chère et très personnalisable), c’est le paper mini. Un pion de papier épais sur lequel on a imprimé la tête des PJ et de leurs adversaires. Le tout collé et plié, ça donne un effet bien sympathique.

Une partie de Chroniques Oubliées, à la table d’Arnok Sden

A noter qu’il est possible d’en acheter pour quelques JdR (comme Pathfinder), mais si vous savez manier the Gimp ou Photoshop, ce n’est vraiment pas compliqué à faire.

Une boite plastique pour le rangement et le transport, et le tour est joué !

Une version plus évoluée du pion de papier, c’est le pion cartonné. On en trouve depuis l’Oeil Noir (première version) et trop souvent réservé aux boites d’initiation (il faudra m’expliquer pourquoi), les pions cartonnés permettent de figurer vos héros et le bestiaire sur des jetons avec socles, le tout commercialisé trop cher.

Vous trouverez ici quelques exemples publiés par Black Book Editions.

Enfin, il y la version vieux routard du jeu medfan : la figurine imprimée 3D, au milieu de décors type wargame.

Pour la figurine, je vous conseille Hero Forge, un must-have de la personnalisation de figurines. Pour l’impression (voire la peinture), si vous n’êtes pas équipés, notre ami Style 2 Geek s’en chargera pour quelques euros bien mérités (vu le talent). Et si vous rêvez de grands décors pour figurer votre scène final contre le dragon géant, regardez donc les tutos de chez Vendetta, ça donnerait presque à un feignant maladroit comme moi l’envie de s’y mettre !

~Orion

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